BONJOUR A TOUS…

 

Depuis le temps que c’est la voilà enfin quelque chose sur cette page…

 

Ce n’est pas vraiment un historique, mais plutôt le rapport sur mon expérience ici et mon échange universitaire que j’ai du écrire pour mon école en France.

 

Ca date de fin janvier 2006, je vous laisse lire découvrir.

 

 

 

L’ESTP permet à un grand nombre de ses élèves d’effectuer leur troisième année de cycle ingénieur à l’étranger. C’est dans ce cadre que j’ai eu l’occasion de partir réaliser une maîtrise en génie de la construction (axe gestion de projet) au sein d’un échange à double diplôme en cursus intégré à l’école de technologie supérieure de Montréal au Québec entre septembre 2003 et janvier 2006. Ce rapport a donc pour but de présenter l’ETS et l’enseignement, la vie au Québec mais aussi mon expérience personnelle.

 

  1. LES ETUDES

 

    1. L’ETS

 

Créée en 1974, l'école de technologie supérieure (ETS) est une constituante du réseau de l'Université du Québec. Spécialisée en ingénierie d'application et en technologie, elle axe ses activités sur l'enseignement coopératif et vise tout particulièrement le développement de nouvelles technologies et leur transfert en entreprise. Dès sa fondation, l'ETS a établi un partenariat unique avec le milieu des affaires et de l'industrie et entretient depuis des liens étroits autant avec les grandes entreprises qu'avec les PME. Experts de l'un ou l'autre des domaines du génie, la plupart de ses professeurs ont d'ailleurs à leur actif une expérience de travail en milieu industriel.

Les programmes de baccalauréat en génie de l'ETS sont les seuls au Québec qui aient été conçus spécifiquement pour les diplômés de niveau collégial technique désirant poursuivre une carrière en génie. L'École compte près de 25 % de tous les étudiants inscrits au baccalauréat en génie au Québec, ce qui la classe au premier rang parmi les établissements qui offrent cette formation. Au Canada, elle se situe au troisième rang sur 35 écoles ou facultés de génie. L'École propose également des programmes de deuxième et de troisième cycles universitaires.

Sur la scène internationale, l'ETS est reconnue grâce aux collaborations de ses professeurs avec des collègues d'établissements à l'étranger, à ses activités de coopération dans de nombreux pays et à ses programmes d'échanges internationaux.

 

    1. L’enseignement et la maîtrise

 

Les études se partagent en trois périodes. La première consiste en une session de baccalauréat (diplôme précédant la maîtrise) pour justifier le niveau et avoir le droit de s’inscrire à la maîtrise. Les quatre premiers mois permettent de s’habituer au rythme étudiant et de découvrir le Québec. L’enseignement y est très différent d’en France. Les étudiants ont moins d’heures de cours, mais l’accent est mis sur l’intégration de la matière. Chaque cours s’accompagne de séance de travaux pratiques au cours desquels les logiciels informatiques les plus courants en industrie sont souvent utilisés. L’informatique a une grande place dans l’enseignement. Toute l’éducation est tournée vers la réussite de l’étudiant, que ce soit par des locaux informatiques de qualité, l’utilisation des logiciels les plus courants ou la grande disponibilité des professeurs. C’est un point important à savoir pour les étudiants étrangers, les professeurs aident facilement les étudiants, il suffit de leur envoyer des courriels ou d’aller les voir à leur bureau. Peu d’étudiants en sont réellement conscients au début et ils s’exposent à des résultats décevants ainsi alors qu’il est simple de demander de l’aide lorsqu’ils ne comprennent pas. Notre culture nous apprend à faire par nous-même à tout prix, ce n’est pas le cas ici.

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La deuxième période se compose globalement de la session d’hiver(janvier-avril) et d’été(mai-août). Le rythme en maîtrise est moins contraignant. Les cours de maîtrise se donnent en soirée ou de manière intensive sur trois week-ends en deux mois, ce qui laisse beaucoup de temps libre. Ceci s’explique par le fait que de nombreux élèves de maîtrise sont des professionnels en activité, l’horaire est donc optimisé pour avoir le moins d’impact possible sur leur horaire de travail. L’hiver est l’occasion d’effectuer la moitié des cours nécessaires, 3 ou 4 cours sur les 7 requis à la maîtrise, et aussi de commencer la recherche du sujet de mémoire. L’été propose moins de cours et c’est pour beaucoup le moment d’un retour en France ou des lectures de début de mémoire.

 

La troisième partie est celle de la recherche. Selon le choix du sujet, de l’ambiance de travail, de la rémunération ou non, des divers aléas du projet, sa réalisation peut être plus ou moins longue (normalement une base d’environ 1000h de travail, 2 sessions à temps plein à raison de 30h par semaine, selon les directives de l’école). Le rythme de travail dépend principalement de l’élève, les directeurs de mémoire offrent un suivi et parfois des échéances selon les sujets. Concernant les maîtrises en construction, l’ETS offre deux axes :

·        Conception et réhabilitation. Cet axe permet souvent d’obtenir un sujet rémunéré(10000 dollars en général) et bien défini, réalisable en 8 mois ou 1 an grâce au grand nombre de professeurs dans ces domaines et aux laboratoires tels que ceux d’hydrologie, de route, de béton, etc.

·        Gestion de projet de construction. Le sujet est souvent non rémunéré car il y a moins de professeur, et ils n’ont pas toujours les fonds pour financer la recherche. Le sujet doit souvent être défini et élaboré par l’élève en collaboration avec son directeur de mémoire.

 

Toutefois, quel que soit le sujet choisi, la réalisation du mémoire de recherche permet de découvrir l’univers de la recherche et les méthodologies. Le mémoire est d’ailleurs considéré ici comme une initiation à la recherche, permettant entre autre à l’élève de savoir s’il est  à l’aise dans cet univers pour réaliser un doctorat ensuite.

 

 

Au final, les études peuvent surprendre par leur rythme et leurs méthodes auxquels nous ne sommes pas habitués. Elles se distinguent de la France aussi par le niveau technique et informatique des étudiants, particularité de l’ETS. Le rythme des cours et la disponibilité des professeurs montrent la volonté de bien acquérir la matière pour la réussite de l’étudiant. Le rythme des cours permet entre autres aux élèves de l’ETS d’occuper un emploi à temps partiel pour payer leurs études. L’ETS se distingue aussi de nombreuses universités au Québec en obligeant ses élèves à réaliser 4 à 8 mois de stage par année. Une autre différence au niveau de l’éducation au Québec est l’âge des élèves, que ce soit au baccalauréat ou à la maîtrise. L’organisation des cours en module de 36h plus une quarantaine d’heure de TP, la possibilité de faire son cheminement à la carte à temps partiel ou à temps plein permet une grande flexibilité favorisent le retour aux études. Il n’est pas rare qu’après quelques années à titre de technicien ou d’ingénieur les personnes retournent aux études pour acquérir un baccalauréat ou une maîtrise et donner une nouvelle dynamique à leur carrière en élargissant leur champ de travail et de compétence.

 

 

  1. LE QUÉBEC

 

    1. Ses attraits

 

Le Québec offre une qualité de vie bien meilleure qu’en France. Montréal, considérée comme la grande ville du Québec avec 50% de la population de la province (banlieues comprises) offre un rythme de vie beaucoup plus relaxant en général que le stress inhérent aux grandes villes françaises. Cette qualité s’illustre à Montréal qui offre à chacun ce qu’il y cherche: la vie urbaine que ce soit les bars et les restaurants, la vie culturelle(cinéma, théâtre, sans oublier les nombreux festivals en été) ou les nombreux parcs publics où se reposer en été ou patiner en hiver.

Pour les amoureux de la nature, il suffit de sortir de Montréal (1 ou 2h de route maximum) pour atteindre des parcs naturels, pour faire des randonnées, du canoë ou, en hiver, aller skier, faire de la raquette. Seul inconvénient pour les amoureux de la bonne gastronomie française, si vous voulez maintenir vos repas, il faudra y mettre les moyens surtout pour ceux qui ne peuvent vivre sans vin et fromage, les prix sont beaucoup plus élevés.

À côté de ça, pour ceux qui veulent voyager, il reste la possibilité de découvrir la « capitale nationale » (Québec) ou les grands espaces du Québec (note particulière pour la Gaspésie et les « baleines » à Tadoussac). Pour les plus aventureux, les États-Unis avec New York et Boston ne sont pas si loin et il serait dommage de ne pas en profiter. Le Canada, que ce soit pour les grandes villes telles Vancouver, Toronto ou la capitale (Ottawa) ou pour les grands espaces avec les Rocheuses, vous ouvre ses portes. Une « tradition » ici est de partir une semaine en vacances dans le sud (Floride, République dominicaine, Cuba, etc.) à un prix relativement raisonnable.

 

Un aspect remarquable de la vie au Québec est le rythme de la vie en fonction des saisons, beaucoup plus marquées qu’en France. L’automne avec les couleurs finit l’été rapidement. Le mois de novembre assez gris et pluvieux annonce l’hiver avec la chute des températures. Début décembre, la première tempête de neige (41cm en 2005, plus grosse tempête depuis les années 70) met la ville en effervescence et annonce un beau Noël blanc. Janvier février sont 2 mois assez froids (jamais moins de –50 degrés avec le facteur vent) et représentent le cœur de l’hiver, c’est le temps de sortir entre amis, d’en profiter pour patiner, skier, suivre le hockey et le club local des Canadiens de Montréal (Go Habs Go). L’hiver est moins rude si vous y allez pour en profiter. Mars annonce un regain de chaleur, la fonte des neiges, des températures plus clémentes avec des possibilités de rechute de neige et des températures…jusqu’à mi-avril. La difficulté de l’hiver ne réside pas spécialement dans la dureté du climat mais plutôt dans sa longueur. Le printemps, comme l’automne, est très court, les  arbres se couvrent (ce n’est pas plutôt bourgeonne ?) en l’espace de deux semaines et l’été arrive. Les premiers rayons de soleil à la fin de l’hiver font aussi monter l’effervescence dans la ville, le monde commence à ressortir leur habit d’été, a hâte daller camper, faire des BBQ, bronzer ou aller à la plage, ou encore de profiter des nombreux festivals (festival de jazz, festival juste pour rire, Francofolies…). Comme certains artistes le disent, l’été au Québec est quelque chose d’exceptionnel car c’est un été qui a connu l’hiver, les personnes en profitent ainsi pleinement car ils savent qu’il ne durera pas. Au final le plus dur dans les saisons sont les mois de transitions, avril et novembre, où les vrais saisons telles que l’été et l’hiver ne sont pas encore arrivées. Pour mieux comprendre et vivre le Québec, il faut y passer au minimum un an, le temps de faire le cycle entier.

 

    1. Mise en garde

 

Cette description enjolive le Québec mais  il faut tout de même faire attention. Le Québec séduit de plus en plus de personne et de nombreux articles sont publiés en France à ce sujet. Pour les avoir lus et vécus, la plupart des témoignages sont réels. Le Québec n’est pas la France en Amérique du Nord. Les relations sociales sont différentes, les mentalités aussi. Beaucoup de Québécois vous diront qu’une des façons de pensée ici est : « vivre et laisser vivre ». Les personnes sont libres de faire ce qu’elles souhaitent dès lors qu’elles ne dérangent personne, ce qui est une bonne chose en soi mais peu amener à être isolé aussi. Autre point sur les relations sociales, il arrive souvent de rencontrer du monde dans un certain contexte et de ne pas réussir à en sortir. En France, nous sommes plus habitués à vouloir partager différents aspects de vie avec les gens que nous apprécions. Ici, des amis de bureau seront des amis, mais il n’est pas anormal de ne jamais les voir dans un autre contexte, cela peut paraître bizarre au départ. Autre point sur les relations, il existe beaucoup de tutoiement que ce soit entre élèves et professeurs ou autres.

 

Par ailleurs, les Français jouissent souvent d’une réputation peu flatteuse, ne serait-ce qu’en étant parfois des « maudits français », souvenir du fait que la France aurait abandonné la Nouvelle-France aux Anglais au XVIIIème siècle. Mis à part cet aspect historique, les Français sont souvent considérés arrogants, prétentieux et « chialeux ». En France, débattre et critiquer quel que soit le sujet est une habitude bien ancrée. Ici, ni le débat ni la confrontation ne sont recherchés, c’est pourquoi les gens donneront facilement raison ou parleront d’autre chose s’ils ne s’y connaissent pas dans le domaine ou que ça les importe peu. L’arrogance est souvent due au fait de critiquer entre autre l’accent et aussi  de se croire en pays conquis en pensant être dans une France au milieu de l’Amérique du Nord. Même si la langue française semble nous rapprocher, le Québec a développé sa propre culture depuis 500ans avec l’influence du monde anglophone  et de son passé partagé entre culture anglaise, française et amérindienne. Non forcément conscient de cet aspect, de nombreux français repartent souvent déçus alors que cela ne les aurait pas choqués dans un autre pays. Ils n’auraient pas considéré les choses pareilles dans un pays où la langue et la culture diffèrent complètement de la France. En définitive, il est important d'arriver au Québec avec la même ouverture d’esprit que pour un autre pays pour apprécier le pays et les Québécois.

 

 

 

 

  1. EXPERIENCE PERSONNELLE

 

    1. Pourquoi être parti de France?

 

C’est à la suite de mon retour de stage de TP1 que j’ai décidé de me donner les moyens de réaliser ce que je voulais et donc de profiter de l’opportunité de réaliser la 3eme année à l ‘ETS pour ces différentes raisons.

La première était la volonté de faire une carrière dans les grands projets ou à l’international et commencer par un échange universitaire était une bonne opportunité.

À partir de là, pensant avoir reçu une formation technique suffisante en TP1 et TP2, j’ai orienté mes recherches vers une école proposant de la gestion projet, aspect manquant à l’ESTP au cours des deux premières années.

Mes critères de recherche concernaient aussi la possibilité de réellement partir et donc de m’orienter vers des pays moins en demande au sein de l’ESTP.

C’est ainsi que l’ETS au Québec s’est imposée en premier choix que ce soit par la formation proposée, par la possibilité d’avoir un double diplôme et par le défi humain de partir loin et longtemps de France (plus de 5000km pour 2 ans).

 

    1. Mes études

 

Mon mémoire portait globalement sur la gestion des risques dans les projets majeurs. Il a été réalisé dans le cadre d’une maîtrise en gestion de projet de construction. C’est un sujet non rémunéré, j’ai eu la chance de pouvoir faire mon choix en fonction de mes intérêts et non des obligations monétaires. Sans identifier cette réalisation à un travail dans le monde professionnel, il a quand même permis de me tester, que ce soit au niveau des changements en cours de projet, des problèmes extérieurs au projet même, de l’auto- motivation, du respect des échéances, de la collaboration avec le professeur, plusieurs éléments existants en milieu professionnel.

 

    1. Expérience de vie

 

Ma vie ici est marquée par de nombreuses anecdotes, et parmi les plus remarquables se trouve l’arrivée au Québec ; ce moment spécial où l’on réalise ce qui se passe et que l’aventure commence. C’est ainsi qu’après avoir rempli toutes les démarches d’acceptation par l’ESTP et l’ETS, j’atterris à Montréal le 31 août 2003. L’arrivée s’est effectuée en fin d’après midi à l’aéroport de Mirabel à 70km de Montréal. La première impression fut la surprise face à l’aéroport vide et l’impression bizarre qu’ils n’attendaient que notre départ pour fermer l’aéroport. Une fois les visas obtenus, et la course pour prendre la dernière navette réussie, les premiers instants sont ceux où l’on a les yeux écarquillés à tout observer sur la route, les paysages, les voitures, les bâtiments... Par la suite, lors d’une correspondance dans une autre navette, j’ai eu l’occasion de discuter avec le chauffeur. En l’espace de cinq minutes, je me faisais taquiner sur la réputation des Français. En effet, j’ai eu l’audace de dire que je ne connaissais pas la réponse à une de ses questions, chose surprenante car les Français savent toujours tout sur tout…une fois rendu à l’auberge de jeunesse, je suis parti en quête d’un repas. Après quelques errances, je dois avouer que je me suis tourné vers ma seule référence…le Mc Donald. À l’intérieur, commander un repas est un challenge : le nom des repas diffère( « bonjour, je voudrais un menu mac croquette »), les serveuses ont un accent anglophone et le plus déroutant fut le moment où l’on me demanda quel breuvage je voulais. Il me fallut quelques instants pour réaliser qu’on me demandait ce que je voulais boire et ensuite choisir. C’est ainsi qu’après quelques heures au Québec, malgré une langue commune, certains éléments ne trompent pas…je ne suis vraiment plus en France, l’aventure commence. Celle-ci a continué avec la quête d’un appartement, de multiples voyages, des tracs administratifs, le premier hiver etc. tous ces éléments qui participent à faire de cet échange une expérience enrichissante. Pour les plus curieux, j’ai eu l’occasion de mettre de nombreuses photos en ligne (http://brunocadiou.free.fr).

 

 

Conclusion

 

Mon échange s’est révélé être une grande expérience humaine au Québec, partager entre une première année merveilleuse de découverte, une deuxième plus rude  et une troisième qui est celle du choix. Tout juste diplômé, je ne compte pas revenir m’installer durablement en France pour l’instant. Je souhaite rester pour toutes les raisons citées auparavant, et parce que je ne pense pas pouvoir retrouver cette qualité de vie et mon bien être en France pour l’instant malgré l’éloignement de ma famille et de beaucoup de mes amis. J’ai vécu une grande expérience mais il me semble ne pas avoir épuisé tout ce que j’avais à vivre ici, avec par exemple une expérience du monde du travail pour compléter le séjour et la découverte du pays. Au final, les raisons pour lesquelles je suis parti ne sont plus totalement fausses, mais mon choix de rester ne se fait pas sur la possibilité d’une carrière internationale mais de savoir où je veux vivre, au Québec ou en France, ce choix n’empêchant pas par la suite de voyager pour le travail. A l’heure actuelle, j’opterais  pour le Québec. Ainsi, beaucoup dise qu’on ne choisit pas où l’on naît mais que l’on choisit où l’on vit…je reste en réflexion mais je ne peux que comprendre ce qu’ils veulent dire.

 

Finalement, la devise du Québec est : « Je me souviens »…et quel que soit mon avenir, je ne pourrai oublier mon expérience québécoise : ma vie ici et l’épanouissement personnel que j’y ai trouvé.